Cependant les résultats du premier tour des élections présidentielles 2012 confirment les acquis du Sénégal dans son cheminement vers une démocratie mature. D’une part nous assisteront à un deuxième tour prévisible par tout analyste politique averti. D’autre part la tension politique suscitée par la candidature de Maitre wade pour un troisième mandat successif présage qu’une prochaine modification de la constitution verrouillera de manière irrévocable et sans ambiguïté juridique la durée et le nombre de mandat du président de la république. En d’autre terme tout homme politique soutenu par un parti organisé avec un projet de société pourrait briguer la magistrature suprême. Contrairement à la plupart des pays Africains où le fauteuil présidentiel est kidnappé à vie et transmis de génération en génération par affinité. Dans un tel contexte, à quoi bon dépenser de la matière grise pour analyser les problèmes des populations, proposer des solutions, dilapider des sommes énormes pour battre campagne sachant que la partie est perdue d’avance !
L’exercice du pouvoir est régi par une loi fondamentale à laquelle nul pays n’échappe :
-la popularité est inversement proportionnelle à la durée du pouvoir.
A l’instar des démocraties occidentales, la courbe de popularité d’un président élu reste suffisamment élevé et stable à la fin de son premier mandat pour être reconduit. Il s’en suit une baisse qui conduira à une alternance politique après le second mandat : gauche-droite en France, républicain-démocrate aux Etats unis d’Amérique. Le Sénégal n’échappe pas à cette tendance.
Mais à toute règle, il y a des exceptions qui fond qu’une idéologie politique après deux mandats se succède à elle-même en changeant d’homme. Le cas de figure s’est présenté en France lorsque Nicolas Sarkosy a été élu président après deux mandats de Jacques Chirac. Les analystes politiques étaient unanimes quant à la cause de cet état de fait : la gauche décapitée, déstructurée avançant en ordre dispersé !
Aujourd’hui au Sénégal, la situation est semblable dans le fond. Les libéraux vont se succéder à eux-mêmes. Macky Sall fut le numéro deux du PDS, donc de Abdoulaye Wade, dans un passé qui n’est si lointain. La bataille sera rude mais avec un avantage psychologique et mathématique pour Macky Sall. A L’instar de 2000 où tous les candidats s’étaient alliés pour faire tomber A. Diouf, en 2012 l’état d’esprit demeure le même cette fois-ci pour détrôner A. Wade. Puis La somme algébrique des résultats des tenors de l’opposition à savoir M.Niass, O.T.Dieng, I. Seck donnerait un total de 58% à Macky Sall. Mais la redistribution réelle des voix revient au peuple Sénégalais qui est souverain…
Le grand perdant de ces élections présidentielles 2 012 demeure le parti socialiste qui n’a pu se relever de ses cendres et proposer une solution alternative à la demande sociale des sénégalais. Morcelé, Il fut d’une part représenté par O. T. Dieng, de l’autre par M. Niasse, tous deux inconnus de la jeune génération d’électeurs dont les moins âgés avaient six ans lors de l’alternance en 2000. Après un passage éclair à la primature, M. Niass n’a pu guère marquer la mémoire des jeunes. Quel travail le parti socialiste a fait-il durant ces douze années pour reconstituer son électorat de jeunes ?
Le résultat est sans appel : la somme des voix obtenues par ces deux candidats n’atteint pas celle obtenues par Macky Sall. Il n’est jamais trop tard pour bien faire…
Un parti socialiste restructuré et fort de son idéologie d’origine préserve toutes ses chances pour reconquérir le pouvoir au Sénégal.
E.I.CONDOMAT